Voyager en fourgon aménagé ou en van est devenu un phénomène de société. Chaque année, le nombre de vanlifers ne cesse d’augmenter, créant un marché en essor permanent, pour des matériels toujours plus sophistiqués, donc toujours plus onéreux ! C’est une situation quelque peu paradoxale, puisque le van trouve son origine, dans la recherche d’un mode de vie itinérant, simple et rustique, au plus près de la nature, sur des véhicules quelquefois bricolés à la hâte ! Un nombre croissant de passionnés tentent de retrouver une part de cet esprit bohème, en aménageant eux même leur véhicule. Les matériaux d’isolation actuels nous permettent de prolonger ce bonheur quelle que soit la saison, sans crainte du froid, de la neige ou du blizzard. Voyons comment y parvenir.
Isolation, une importance qui va au-delà de la simple protection contre le froid
Ce qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on pense isolation, est le douillet confort d’une couette pour se réchauffer le corps. L’isolation thermique, c’est cela, la liberté de mouvement en plus, mais pas seulement… Isoler son habitation itinérante, évite aussi que les rayons perpendiculaires du soleil estival de nos lointains lieux de vadrouille, ne transforment notre espace de vie en autocuiseur. Autre calamité du nomade automobile, l’humidité peut occasionner un inconfort majeur, dès que l’on chauffe tant soit peu l’habitacle. Qui n’a pas connu le plaisir, contestable, de sentir tomber du plafond en tôle détrempé par la condensation, une pluie subtile, mais continue de grosses gouttes, n’est pas à même de comprendre l’inconfort de la situation. Là encore, l’isolation permet de ne plus avoir à choisir entre le grand froid sec et la moite chaleur humide. Le dernier intérêt d’une isolation thermique performante, réside dans la conservation du matériel. Notre respiration dégage de la vapeur d’eau qui, comme nous l’avons évoqué, se condense pour recouvrir et ruisseler sur toutes les surfaces métalliques froides. L’oxydation, cancer de l’acier, profite de la moindre égratignure pour entamer un travail de sape, perforant à terme les meilleurs aciers, surtout dans les caissons plus ou moins fermés peu accessibles aux protections antirouilles.
Erreur N° 1 : se priver ou bâcler l’isolation thermique du fourgon, véritable assurance-confort, contre les effets néfastes du froid et de la chaleur sur notre corps. C’est, en outre, une source d’économies financières, protégeant singulièrement l’aspect de notre cadre de vie, prolongeant la durée d’amortissement des véhicules et valorisant leur valeur de revente.
Pourquoi se soucier de l’isolation thermique du fourgon aménagé ?
L’isolation phonique du van n’est pas fatalement une préoccupation naturelle chez l’aménageur amateur (et même, hélas, chez certains professionnels). Cela paraît étrange, si l’on se réfère aux enquêtes d’opinion sur l’habitat collectif généraliste, dans lesquelles les nuisances sonores figurent aux places d’honneur. Dans un van, les chocs de toutes sortes, comme les gouttes de pluie, à plus forte raison de gel ou les fragments de branches frappant la tôle, sont capables d’interrompre le sommeil le plus profond. Il est, par ailleurs fréquent, de rencontrer au cours du voyage, des conditions climatiques stressantes, pour les néophytes, à l’instar des sifflements du vent, des bruits mystérieux d’animaux en vadrouille ou du tintamarre matinal du coq ou de l’âne du proche voisin. Il y a, enfin tous les bruits liés à l’activité humaine (conversations, trafic routier, aérien ou ferroviaire…), souvent plus dérangeants encore.
Erreur N° 2 : banaliser les nuisances sonores. Certes, elles font partie intégrante de la vie courante et sont inévitables. Il est possible cependant d’en atténuer efficacement la perception, sans travail supplémentaire, ni grand frais, sachant qu’il existe, comme nous le verrons plus loin, des matériaux isolant à la fois du froid et des bruits.
Passage obligé pour parfaire les effets d’une isolation réussie : la ventilation
Nous l’avons vu, l’isolation vise au seul objectif d’améliorer le confort de vie ambiant du véhicule-logement, en protégeant l’intérieur des conditions thermiques incontrôlables et en perpétuel mouvement de la nature environnante. Il est cependant des paramètres sur lesquels l’isolation n’a aucune prise, comme ce qui a trait au fonctionnement physiologique des occupants du van et à leur mode de vie, Ors la vie humaine et animale libère beaucoup de vapeur d’eau dans l’air ambiant (respiration, préparation des aliments et des boissons, chaussures ou vêtements mouillés…). Malgré une isolation performante, l’atmosphère intérieure se trouve rapidement saturée d’humidité, qui crée des conditions de vie, à nouveau inconfortables et favorise la formation de moisissures malsaines. Cette humidité relative, élevée, crée une sensation d’inconfort, car elle favorise les échanges de calories entre le corps et l’air ambiant. La seule solution pour ramener l’humidité relative à un niveau optimal, consiste à évacuer la vapeur d’eau excédentaire vers l’extérieur du véhicule.
Erreur N° 3 : ne pas prévoir d’aération suffisante. Notez, en outre, que les dispositifs de ventilation doivent répondre aux normes en vigueur. Cette conformité est contrôlée par l’administration lors de l’examen d’homologation du véhicule en VASP, préalable à l’obtention du certificat d’immatriculation.
L’isolation ne supporte pas l’à-peu-près
Pour qu’une isolation soit performante, il est indispensable de soigner les détails. En effet, la moindre fuite est capable de compromettre l’efficacité de l’ensemble si durement mis en œuvre. Cette considération n’a rien à voir avec un esprit tatillon ou une manie de perfectionnisme, c’est seulement ce qui fait la différence entre un résultat décevant et une atmosphère ambiante satisfaisante. Parmi ces détails qui tuent, les ponts thermiques sont déterminants.
Ponts thermiques, définition et solutions
Les ponts thermiques sont des ruptures dans la continuité de l’isolant. Le plus souvent, dans les angles ou en surfaces limitées cachées par le revêtement des parois extérieures, sous lesquelles l’isolation est inexistante ou fortement amoindrie. Il peut s’agir d’un simple interstice, pas ou mal rebouché, entre deux plaques d’isolant ou d’un élément, en relief, d’un renfort de carrosserie creux n’ayant reçu aucun traitement, faute d’épaisseur suffisante. Certains accessoires traversant, comme les fixations de ceintures de sécurité, les montants de portes ou de pare-brise de la cabine forment aussi des ponts thermiques difficiles à isoler. Soyons clair, il restera toujours des ponts thermiques, mais ce constat constitue une raison supplémentaire, pour soigner au mieux ce qui peut l’être et s’ingénier à débusquer systématiquement les fuites, pour trouver la meilleure façon de pallier le phénomène. Pour ce faire, démontez l’ensemble des habillages et les accessoires de la cellule et tout ce qui peut l’être dans la cabine. La structure en tôle mise à nu, commencez par traiter immédiatement la moindre trace de corrosion et procédez à un nettoyage et dégraissage sérieux des surfaces apparentes. À ce stade, vous pouvez voir les surfaces planes sur lesquelles il sera facile de fixer l’isolant et de repérer les lisses, montants et autres renforts en relief. S’ils sont minces et plaqués à la tôle, pas de problème, l’isolant en plaque passe au-dessus. Pour les parties en relief prononcé (montants et renforts de toit), quatre situations peuvent se présenter :
- Un bord laisse une ouverture suffisante pour passer la plaque d’isolant. Glissez-la donc en dessous jusqu’à buter le fond de l’évidement.
- Un bord laisse une ouverture, mais insuffisamment épaisse pour glisser la plaque. Dans ce cas, bourrez avec un isolant en vrac (laine de mouton, ouate de coton, fibres végétales…) en prenant soin de bien remplir l’espace sans trop serrer le matériau.
- Le renfort forme un tube, mais est percé de trous selon un espacement plus ou moins régulier. Pour les montants verticaux, bouchez les trous bas avec un ruban adhésif alu et remplissez le volume de billes isolantes, insufflées par le trou le plus haut. Pour les parties horizontales, injectez de la mousse PU en quantité raisonnable. Attention, cette opération est délicate, car un volume trop important de produit peut, déformer la tôle lors de son expansion.
- Le tube est entièrement fermé. Dans ce cas, rare, pas d’autre solution de disposer l’isolant en saillie quitte à perdre un peu de volume habitable ou d’obtenir du constructeur l’autorisation de percer quelques trous.
Reconnaître les performances des matériaux isolants
La conductibilité thermique (coefficient λ ou k) est la capacité d’un matériau à transmettre la chaleur en un temps défini. Pour schématiser, c’est la mesure inverse à la valeur R. Le coefficient lambda est exprimé en W/(m.K). Plus le coef λ est petit, plus le matériau est isolant. Pour être classés isolant, un matériau doit avoir un lambda inférieur à 0,060 W/(m.K).
La résistance thermique (valeur R) d’un isolant est une mesure de sa capacité à s’opposer à la transmission de la chaleur ou du froid, par contact de proche en proche entre ses molécules structurelles en mouvement. Le coefficient R est exprimé en m².K/W. Plus ce chiffre est élevé, plus le matériau est isolant. Pour un même matériau la résistance thermique augmente avec l’épaisseur, selon la formule R = e / λ. L’isolant absolu contre la thermoconduction est le vide, mais les ondes le traversent.
Le déphasage est la valeur, mesurée en temps, mis par la chaleur ou le froid extérieur à gagner l’ambiance intérieure. Plus l’isolation est performante, plus le temps de déphasage est long. Cela permet, sous certaines conditions climatiques, de réduire le temps et la puissance de chauffage ou de climatisation, voire même de s’en passer.
La thermo-réflexion est la capacité d’une surface à renvoyer les rayonnements chauds ou froids, vers leur source d’émission ou à en dévier la trajectoire. Les isolants minces multicouches utilisent cette caractéristique pour créer une barrière thermique. L’efficacité des isolants par thermo-réflexion dit aussi isolants minces ou multicouches reste contestée, car ne répondant pas aux critères habituels de classement des isolants classiques, il est malaisé de faire des comparaisons chiffrées. Ils fonctionnent sur un autre principe, mais il est indéniable que, utilisés avec discernement, cela fonctionne.
Les matériaux isolants à disposition du futur vanlifer
Remarquons, en préambule de ce chapitre, qu’il n’existe pas vraiment de matériaux spécifiques à l’isolation des fourgons aménagés. Par contre, certains présentent des caractéristiques physiques ou dimensionnelles mieux adaptées à cet usage, lorsque d’autres sont franchement inappropriées dans les conditions d’utilisation qui nous préoccupent. En dehors de ces exceptions notables, il reste à chacun de trouver le meilleur compromis entre des paramètres difficilement conciliables, tels que l’efficacité d’isolation (R et déphasage), l’épaisseur empiétant sur la surface habitable, l’élasticité pour suivre les courbes de la carrosserie, l’origine (synthétique ou naturelle), le poids, l’atténuation acoustique, la toxicité, les préoccupations écologiques, etc. Cette longue liste, non-exhaustive, implique un nombre presqu’infini de combinaisons. On peut classer les principaux matériaux usuels selon leur Classement lambda :
Les isolants synthétiques
- Polyuréthane, λ = +/- 0.025. Excellent pouvoir isolant, peu malléable en plaques rigides, est réservé, sous forme expansive au remplissage d’éléments creux, avec les précautions évoquées plus haut.
- Polystyrènes extrudés, λ = +/- 0.030. Excellent pouvoir isolant, plaques rigides cassantes. Utilisables sur des surfaces planes, à l’image du PU. Dégage des vapeurs toxiques en brûlant.
- Multicouche mince. Il s’agit d’un isolant réfléchissant vendu en rouleaux constitué de couches successives de différents matériaux. De nombreux utilisateurs s’estiment satisfaits de ce type de produit, dont l’efficacité fait toujours débat, sachant que le CSTB n’a toujours pas réussi à établir un coefficient R officiel le concernant. En fait, il existe d’énormes différences, selon la composition et le nombre de couches (entre 3 et 25) du produit. Certaines marques avancent cependant des comparaisons (1 cm de multicouche = 20 cm de laine de verre, pour l’un, 3.5 cm = 20 cm pour l’autre…).
Les isolants minéraux
Évitez, autant que possible les laines de verre ou de roche, qui présentent de bonnes qualités d’isolation, mais ont la fâcheuse tendance de se transformer en poussière, à se gorger d’Humidité, à se tasser sous l’effet des vibrations et sont très appréciées des rongeurs qui y établissent facilement leur nid. Au total, les laines minérales deviennent rapidement inopérantes et favorisent les attaques de corrosion. Il est possible d’utiliser des billes ou des granules de vermiculite ou de verre cellulaire pour remplir les corps creux. Le coefficient λ = +/- 0.046 est très convenable pour cet usage, mais ces produits peuvent s’avérer bruyants sur la route.
Les isolants naturels ou biosourcés
Les matériaux naturels biosourcés sont très adaptés à l’isolation des véhicules de loisir. Ils sont, en général assez malléables pour être installés facilement au plus près, des courbes de la carrosserie. La plupart présente l’avantage d’allier l’efficacité d’abaissement acoustique à des performances thermiques autorisant de faibles épaisseurs. Il s’agit également de matériaux naturels bénéficiant d’un préjugé écologique favorable. Attention toutefois à certaines laines animales, dont la présence dans une atmosphère confinée, peut incommoder les personnes sensibles à ce type d’allergie.
- Liège expansé ou projeté, λ = +/- 0.039
- Laine de lin, λ = +/- 0.039
- Ouate de cellulose, λ = +/- 0.039
- Laine de coton, λ = +/- 0.040
- Laine végétale recyclée, λ = +/- 0.040
- Laine de mouton, λ = +/- 0.040
- Laine de chanvre, λ = +/- 0.043
- Fibre ou laine de bois, λ = +/- 0.048
Attention, la ouate de cellulose est hydrophile et a tendance à se tasser dans les parois verticales. Réservez-la pour les corps creux et les plans horizontaux, comme le plafond.
Schéma type d’isolation pour un fourgon aménagé
Nous l’avons vu, il est nécessaire de combiner plusieurs sortes d’isolants et de les poser de façon jointive pour réduire au maximum les transferts de calories. La méthode réputée la plus performante et efficace consiste à appliquer la procédure suivante :
1 – Traitement du plancher :
Utilisez du liège en plaques rigides de 2 cm d’épaisseur. La pose des plaques doit être jointive et soigneusement suivre la forme des parois latérales. Il est inutile, et même improductif de les coller sur le plancher en tôle. Par contre, il est préférable d’encoller les champs latéraux et longitudinaux de chaque plaque. Le plancher en plaques de bois reconstitué sera posé après l’isolation des parois. En attendant, disposez des plaques provisoires sur le sol pour ne pas abîmer le liège en marchant.
2 – Pose d’une couche de liège à projeter sur une épaisseur environ 1 cm, sur les parois et le plafond. Pour ce faire :
- Démontez tout ce qui peut l’être dans la cellule.
- Masquez les parties qui ne doivent pas être enduites et protégez l’espace cabine.
- Nettoyez, dégraissez, poncez grossièrement (grain 120 ou 180) et dépoussiérez la surface.
- Malaxer le produit à l’aide d’un malaxeur électrique à faible vitesse, pendant 5 à 6 minutes.
- projetez, en 2 couches espacées de 24 h, à l’aide d’un pistolet à crépir muni d’une buse Ø 8 mm, par tranches de surfaces de +/- 1 m².
3 – Bourrez de fibres végétales en vrac (lin, coton chanvre) les renforts creux accessibles qui n’ont pas reçu de liège, puis les tubes si possible.
4 – Passez les gaines électriques fourrées de leurs câbles, repérés selon les numéros aux emplacements prévues sur le plan.
5 – Collez des plaques jointives de fibre végétale sur les surfaces planes. Ne pas oublier de recouvrir les passages de roues.
En conclusion
L’isolation hybride liège/fibres végétales ou animales offre, à ce jour, les résultats les plus performants, tant sur le plan thermique que phonique. C’est aussi la solution la plus onéreuse et la plus technique à réaliser. Une variante satisfaisante et moins chère, consiste à remplacer le liège projeté par des plaques de liège. Dans ce cas, un pare-vapeur autocollant sera fixé sur les parois en tôle. Soignez particulièrement la découpe des panneaux de liège afin qu’ils soient parfaitement jointifs Collez, enfin un ruban adhésif de marouflage sur ces joints.
Si vous préférez utiliser du multicouche mince, il est impératif de ménager une lame d’air d’au moins 2 cm de chaque coté. Cet isolant n’ayant aucun pouvoir d’atténuation des bruits, il est préférable d’interposer une couche d’isolant phonique imputrescible entre la tôle et le multicouche (liège). Notez, enfin, que compte-tenu de l’engouement actuel pour les véhicules de loisir, les industriels proposent périodiquement de nouveaux produits isolants spécialisés, quelquefois autocollants.